Découvrez 15 jeunes artistes de la périphérie de Salvador

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Pivoman. Salvador Bahia. Foto Paola Alfamor .

L’art périphérique est mis en avant

La nouvelle génération musicale de Salvador utilise son propre récit comme potentiel artistique

C’est une génération poussée par la culture numérique et avec de fortes influences de la rue et de la culture de la ville, une jeunesse créative et articulée qui réinvente la scène musicale de Salvador. Nous avons invité Ítalo Oliveira, le “Pivoman”, à nous parler de certains de ces artistes dans un contenu à la première personne, avec des détails et des points de vue que seuls ceux qui vivent la scène connaissent.

“Pivoman” est le pseudonyme du musicien, producteur culturel, plasticien, chercheur en musique et éducateur en art, Ítalo Oliveira est un esprit agité et accro à la musique et qui cherche constamment à partager les résultats de ses recherches musicales avec le public. C’est lui qui nous emmène à la rencontre de ces nouveaux artistes de la périphérie de Salvador et, nous invite à travers sa musique, à regarder la ville avec des yeux différents. Ces jeunes artistes sont les protagonistes de la nouvelle scène musicale à Salvador.

Nous avons préparé une liste de chansons idéale pour cette expérience. Disponible sur sportify ou Deezer

Un nouveau Salvador présent dans la musique de 15 jeunes artistes

Par Pivoman

Pivoman. Salvador Bahia. Foto Paola Alfamor .

En 1975, Ilê Aiyê occupait la scène du carnaval de Salvador avec la chanson «Que bloco é esse», vantant la culture noire et la périphérie de la ville, revendiquant les droits raciaux et l’occupation de l’espace urbain.

Ça a été une étape importante qui a révolutionné la musique de Salvador et a élevé le niveau des directrices identitaires au Brésil. Avec le changement de siècle, l’accès aux technologies numériques et une prise de conscience plus importante sur les questions de race, de genre et de classe, un nouveau groupe d’artistes émergera, et revendiquera son droit de parole. Il reconsidérera aussi les problèmes déjà pointés du doigt par Ilê et présentera une vue non caricaturale de la ville de Salvador.

La culture numérique a révolutionné la production artistique dans le monde entier, tant dans l’esthétique visuelle que sonore. Ce n’est pas par hasard selon une étude de la Queen Mary University of London et de l’Imperial College London, la culture hip hop et rap est plus influente que les Beatles en son temps. Dans le même temps, nous sommes témoins de la diffusion de la musique pop électronique de la côte ouest africaine dans le monde entier, influençant même de grands artistes comme Beyoncé et GoldLink. De plus en plus, les genres musicaux populaires sont produits et/ou réinventés numériquement, ce qui a permis l’émergence et la visibilité de nombreux artistes qui, sans ces ressources, n’auraient pas la même opportunité de valoriser leur travail.

À Salvador, ça n’a pas été différent. Des noms tels que Baiana System, Baco Exú do Blues, Àttooxxá, Larissa Luz, Vandal, Rap Nova Era, Trap Funk & Alívio e Makonnen Tafari ont émergé dans ce contexte. Et ils ne sont pas les seuls: la ville respire et bouillonne à travers une jeunesse artistiquement articulée et assoiffée d’expression.

La dynamique de cette scène musicale effervescente est facilement remarquable lors d’une courte promenade dans les rues de Salvador. À Rio Vermelho, cette évidence se confirme dans la programmation des établissements tels que Mercadão CC, Bombar et Commons. Dans le centre de la ville, la Casa Preta dans le quartier Dois de Julho, Oliveiras à Santo Antônio et Mouraria 53 à Nazaré présentent constamment de nouveaux artistes dans leur programmation. À Cidade Baixa, il y a l’espace culturel Freedom Soul Records, qui réalise un travail important avec des artistes locaux.

Des collectifs comme Bonke Music et Balostrada Records publient chaque mois une multitude de clips et de chansons qui reflètent la vision artistique de cette nouvelle génération sotéropolitaine. Nous vous invitons à faire connaissance avec un nouveau Salvador à travers 15 nouveaux artistes que nous avons sélectionné. Comme le disait les Novos Baianos: “Faites le tour et vous pourrez écouter”.

1. Yan Cloud: le plus incroyable des “cheveux carrés” de la ville

«Jeune homme noir et périphérique», c’est ainsi que Yan Cloud aime se nommer. A 23 ans, le chanteur a une vision artistique avancée. Diplômé en publicité, il travaille également professionnellement en tant que directeur artistique.

«Alívio» (2016) est son premier album. Après le single “Ultima Letra Pensando Em Você” (Dernière lettre où je pense à toi), il a commencé à prendre de l’importance sur les réseaux sociaux et à accumuler de bons partenariats.

“Jusqu’à ce qu’arrive “Que Calor”, (Quelle chaleur) Ça a été un succès incroyable, en vedette avec Nêssa et Zamba. Cela a eu une bonne répercussion et c’est là que j’ai commencé à mélanger les choses, avant je faisais plus de rap», déclare Yan.

Habitant du quartier “7 avril”, il a commencé à développer des initiatives culturelles dans son coin pour combler une lacune de l’état. «Mon quartier n’a jamais eu de projets culturels. La première action de musique et de poésie qui a eu lieu, je l’ai faite avec trois frères».

Interrogé sur les influences musicales du lieu où il vit, il répond: «Mon quartier ne m’a jamais beaucoup influencé musicalement, mais les choses que j’y ai vues ont commencé à me donner du contenu et de l’expérience à mettre en musique».

En septembre, il a sorti le single «Bafana», un aperçu de l’album «PINKBOY», sorti en octobre 2020. L’album promet de relever encore un peu plus son niveau en tant qu’artiste.

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2. Nêssa: la fabrique de musique pop sotéropolitaine

Diplômée en Dessin et Design Industriel de l’Université d’État de Bahia, Vanessa Ribeiro est une illustratrice pleine de qualités. Après une grave lésion à cause d’efforts répétitifs, elle a commencé à voir une deuxième profession dans la musique.

«J’étais très démotivée et j’ai fini par avoir une tendinite très grave. Je ne me voyais pas travailler comme illustratrice toute ma vie et j’ai vu une possibilité dans la musique», dit-elle.

Bien positionnée sur les réseaux sociaux, Nêssa a lancé les hits “Que calor”, “Slow Motion”, “Não Se Apega » et « Aquele Swing », ce dernier en partenariat avec Zamba et ÀTTOOXXÁ. Sa sortie la plus récente a atteint plus d’un demi-million d’auditeurs sur Spotify.

À 27 ans, l’auteure-compositrice-interprète sait très bien ce qu’elle veut. «Je suis entrée dans la musique en pensant à gagner de l’argent. Je n’ai jamais voulu faire de la vie une romance, ce n’était pas quelque chose que je voulais depuis toute petite, je suis venue découvrir mon moi-même et je suis tombée amoureuse de la musique alors même que je travaillais», dit-elle. “J’ai choisi la pop parce que c’était un style qui n’était pas expressif ici en ville”.

Habitante de Pau da Lima, Nêssa exprime bien la vision du jeune qui sait planifier et mettre en pratique ses idées en quête de développement professionnel.

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3. Rei Lacoste: quand le cinéma rencontre le hip hop

Rei Lacoste. Salvador Bahia. Foto Caio Araújo

Membre du label trap Balostrada Records, Rei Lacoste est le pseudonyme du cinéaste et chercheur Caio Araújo. Dans son premier album «Trapcália Vol.1», de 2018, et dans la mixtape «V1D4L0K4T4MB3M4M4», de 2019, elle étend à la musique la technique du collage, utilisée pour créer des images.

«Je m’intéresse principalement aux processus anthropophages de la musique et je pense que le hip hop est aujourd’hui un terrain très fertile pour cela», dit-elle.

Rei Lacoste a révolutionné l’esthétique des clips rap dans la ville: de 2018 à aujourd’hui, elle en a réalisé 20. “Depois Daquele Beijo”, “Carmen Sandiego” et “De Um Coração Puro” – ce dernier est le plus récent, en partenariat avec Fiteck – sont des exemples de sa manière de produire.

En mars 2020, j’ai eu le plaisir de participer avec l’artiste à une tournée au Mexique, une opportunité qui m’a fait vivre son processus créatif. À la suite du voyage, le clip documentaire «Mexicanboy» a vu le jour.
Habitant de Boca do Rio, «favela de la plage», comme il le dit si bien, le rappeur attribue sa créativité à l’importance historique du lieu. «Je pense que je fais partie d’une certaine tradition de l’existence de nombreux artistes dans le quartier», dit-il. «Et la ville elle-même m’a certainement donné une règle et une boussole pour la création». Rei Lacoste apporte dans son travail un vaste arsenal de références; ça vaut le détour.

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4. Cronista do Morro (chroniqueur du mont): “ne te cogne pas la tête”

Cronista do Morro. Salvador Bahia. Foto Lukas Raion

Mon premier contact avec “Cronista do Morro” a eu lieu au «Baile da Under» – lors d’une de ses premières performances. J’ai été étonné de la force et de l’assurance des mots qui sont sortis de sa bouche. J’ai pensé: «Qui est cette femme? D’où vient-elle? ” Avec la fin du spectacle, je me suis rapproché et au premier contact nous avons eu une merveilleuse conversation. Derrière les rimes agressives présentes dans ses paroles, Aila se révèle être une personne très spirituelle, calme et mélomane.

Habitante du quartier Liberdade – berceau de la résistance culturelle afro de Salvador -, elle perpétue cette tradition en nous présentant une œuvre qui raconte le quotidien d’une femme noire, lesbienne et résidente de la périphérie.

“Terror Da Leste” est sa chanson la plus expressive, avec un clip qui a gagné un prix au Music Video Festival Brasil et une version en partenariat avec le groupe Afrocidade, qui a abouti à une performance du trio au festival Afropunk du Carnaval 2020. Cronista fait aussi partie de la plateforme musicale Filhxs & Netxs, créée par le producteur de musique Mahal Pita. “Torro”, est son premier single, et je suis vraiment impatient de savoir ce que seront les prochains projets de l’artiste.

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5. Di Cerqueira: à la porte de l’homophobie dans le rap

Cidade Baixa (la ville basse), populairement connue sous le nom de CBX, a toujours été un lieu d’effervescence musicale. Habitant de Ribeira, Di Cerqueira renforce le potentiel artistique de la péninsule d’Itapagipe et nous apporte une musicalité puissante avec des paroles qui parlent du quotidien LGBTQIA+ à Salvador.

Élève de l’école publique, il a vu dans un projet d’éducation artistique la possibilité de développer des techniques de chant. «J’ai commencé à découvrir ma voix là-bas. J’ai participé à la chorale de l’école, c’était fou! Mon contact avec l’art et la musique a commencé à ce moment-là », dit-il. Il nous parle aussi de comment il a surmonté un traumatisme d’enfance: «j’ai toujours été grand pour mon âge. J’ai été bridé une bonne partei de ma vie parce que ma voix était très aiguë », dit-il. «Tous les gens disaient:« Parle comme un homme ». J’ai alors été très complexé à cause de ma voix. Je suis passé par une phase très difficile jusqu’à ce que je comprenne que je pouvais être chanteur».

En 2019, Di Cerqueira a été le premier rappeur à remporter le Prêmio de Música Educadora FM dans la catégorie Meilleur interprète vocal, avec le single «Grandeza». Collaborateur des collectifs comme Batekoo et Afrobapho, il prépare son premier album (sans date de sortie pour le moment). En août, il a sorti le clip vidéo «DPZV», dénonçant la phobie LGBT très présente dans les rues de Salvador. A chaque sortie, Di montre “être un géant par nature”, comme il le dit dans l’un de ses textes.

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6. Áurea Semiseria: le chariot d’ONZE

Aúrea Semiseria. Salvador Bahia. Foto Sista Kátia

Élevée à Cajazeiras, l’un des quartiers les plus peuplés de Salvador, Áurea Semiseria a commencé sa carrière dans la musique gospel. Influencée par la culture Hip Hop et par les groupes de rap de son entourage, elle est rapidement devenue une figure marquante dans les cercles des rimes de la ville.

Son surnom, “A Carreta da Onze”, un chiffre qui fait référence à la localité d’où elle vient (Cajazeiras XI), est également le titre de son futur album, composé de 3 singles et un clip lancé par Balostrada Records.
La chanteuse prétend être directement influencée par la scène artistique de son quartier, qui, en raison de sa densité démographique et de son développement commercial, est communément appelée “Cajacity”.

“Le premier groupe de rap que j’ai rencontré ici à Salvador était Saca Só, tous originaires de Cajazeiras. Mon quartier est ma plus grande référence sur tout: musicalement et socialement», déclare Áurea.

Propriétaire d’un discours aimable et mélodique, Áurea est une voix active chantant la réalité des femmes noires, bien portantes et de la périphérie de la ville de Salvador. À 22 ans, elle s’impose déjà au niveau national. Elle s’est aussi associé à l’un des plus grands noms du rap national, Emicida; elle a récemment participé au programme Brasil Grime Show, faisant connaître le nom de sa ville / quartier au monde.

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7. Baby Venas: tirer la poésie des entrailles de Salvador

Baby Venas. Salvador Bahia. Foto Heder Novais

Des rimes bien conçues, une voix mélodique et une incroyable sincérité. Venas a retenu mon attention depuis qu’il fait partie du “Coletivo Roupas Suja”.
Né dans la campagne de Bahia, il a grandi à Salvador et s’est attaché à l’écriture pour se distancier des violences subies aux abords de la capitale de Bahia.

«Le rap m’a d’une certaine manière sauvé la vie, et cela fait plus de 5 ans», dit-il.

Résidant de Engenho Velho du quartier Federação, il a commencé sa carrière alors qu’il vivait dans le quartier de São Caetano et a développé ses compétences lyriques pointues lorsqu’il vivait dans le Pelourinho, dans le centre historique de Salvador. «Dans tous les quartiers où j’ai vécu, on peut ressentir profondément des réalités similaires d’exclusion sociale, de violence policière, de pauvreté, de criminalité et le même mécontentement», dit-il en expliquant le thème de ses textes. Et il continue: «Mes chansons sont nées de mes expériences. Ce sentiment ne me permet pas de raconter une fausse vie ».

Aldeia Hits (2016), est son premier album. C’est en 2019 qu’il a lancé un bon nombre de singles et de vidéoclips: Paz, Bala V, Peças et Perdido. Ceux-ci sont des exemples qui montre la cadence de production de l’artiste. Il utilise sa position d’homme noir de la périphérie pour remettre en question la banalité du crime dans le hip hop. 2020 est l’année de son deuxième album, dont la sortie est prévue en novembre. Baby Venas est un joyau rare dans le mouvement trap de Salcity*.

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8. Maya: la banlieue est un couteau bien aiguisé

Maya. Salvador Bahia. Foto Kevin Aux

La banlieue ferroviaire était autrefois un secteur à éviter et est aujourd’hui reconnue pour sa beauté et est même devenue une zone convoitée par les touristes. C’est le point de départ musical de la chanteuse Maya.

“Le fait d’avoir grandi à Periperi a aiguisé mes sens pour les sons groovy, comme le pagode”, dit-elle. «Les murs de sons sont intrinsèques aux quartiers périphériques, ils font partie de la culture. Nous avions l’habitude d’apprécier ce type de son et le fait de l’avoir vécu nous permet d’acquérir des références, de l’expérience », explique Maya

Fille d’un père artiste plasticien et d’une mère appréciant la musique, elle a commencé à chanter à l’âge de 8 ans et compose depuis l’adolescence. Admiratrice de la musique noire, du Hip Hop et du Pagode de Bahia, elle exprime ce mélange dans son travail.

«Faca Amolada», son dernier single, a été produit par Faustino Beats et par le paulistano Diabel Music. Le morceau est en plein boom sur les plateformes numériques et est un «défi» chorégraphique qui est en train de viraliser sur les réseaux sociaux. «C’est le premier défi qui fait du bruit à Salvador. Il y a de nombreux obstacles sur le chemin de l’artiste indépendant, plusieurs accès nous sont refusés, principalement pour les femmes noires », dit-elle. «Je pense qu’Internet nous a facilité la tâche et nous a permis de créer nos propres accès».

La musique de Maya parle d’elle-même: “Les filles de Salcity ne rigolent pas, elles prennent de l’avance”.

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9. Marcola Bituca: écouter du rap à Itapuã

Marcola. Salvador Bahia Foto divulgação

Itapuã a été immortalisé dans notre imaginaire à travers les chansons de Dorival Caymmi, les rythmes percussifs de Malê Debalê, les voix des Ganhadeiras. C’est dans ce berceau culturel que naquit Marcola.
Son nouvel album s’intitule, Os Últimos Filhos de Sião (2020). Il a participé aux projets musicaux Sambatrônica et Turma do Bairro, réaffirmant que son esprit musical a des racines «itapuãzeiras» (venant de Itapuã, comme s’appellent eux-mêmes les indigènes).

“J’ai toujours été très lié à la culture de mon quartier. Être immergé dans ce creuset culturel m’a donné la possibilité de toujours chercher à innover dans mon travail », dit-il.

Marcola se montre visionnaire dans sa dernière sortie, naviguant très bien entre le rap, le pagode électronique, le dub, la kizomba et expérimentant des timbres de la musique électronique underground anglaise. Des noms tels que Rincon Sapiência, MCDO (vocaliste principal de Afrocidade) et Caboclo de Cobre participent dans le disque de 9 titres produit par Aquahertz Beats. En août, il a participé au programme Estúdio Showlivre, montrant une œuvre qui peut être considérée comme l’une des meilleures sorties nationales de rap en 2020.

“Nous sommes une génération qui a grandi avec le développement d’Internet, des artistes qui distribuent leur propre matériel sur des plateformes numériques, qui comprennent l’algorithme, le home studio, une génération de bricoleurs”, dit-il, justifiant son rôle dans la fluidité de son album.

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10. Murilo Chester: original CBX

Murilo Chester. Salvador Bahia. Foto Herder Novais

Issu d’une famille de musiciens, Chester a toujours considéré l’art comme un moyen de gagner sa vie. «Fidèle habitant de Cidade Baixa», comme il le dit, à l’âge de 11 ans, il a reçu une guitare en cadeau et a commencé à étudier seul. Il s’est fait connaître pour avoir publié des vidéos sur Internet jouant des classiques de MPB (Musique Populaire Brésilienne). Avec ses expériences dans la culture Hip Hop, il a développé un travail d’auteur.

“J’ai commencé à ressentir le besoin de mettre mes sentiments sur papier, j’ai commencé à écrire, à composer. Ce fut une phase de ma vie où j’ai beaucoup appris. J’avais besoin de ça pour être qui je suis aujourd’hui. J’avais besoin de ça pour faire mon nouvel album que je suis en train de faire aujourd’hui, tu comprends? », Dit-il.

Lancé en octobre, “Planos & Danos” présente des productions de RDD (Áttooxá), K9, ÉOCROSS, Calibre (premier producteur à mélanger le rap et le pagode), Zamba et Gabriel dos Anjos. Le clip du single “Sequência de Pente” donne envie à tous ceux qui l’écoute de découvrir l’album au plus vite. En attendant, Chester nous présente «Passin da Maloka», un album en partenariat avec Shook , son partenaire de longue date.

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11. Underismo: autonomie et autogestion

Underismo. Salvador Bahia. Foto Igor Santhz

Underismo est né pour connecter des artistes produisant de la musique, de la mode, du design, etc. L’un des groupes de rap underground les plus expressifs de Salvador a enregistré son premier album, “Residuos” (2018), à partir de ventes de vêtements produits par le collectif.

“Nous faisons notre travail de manière totalement indépendante. Nous avons fabriqué 20 chemises et avons réussi à les vendre pour payer l’enregistrement de notre single », raconte Ares, membre du groupe.
Adepte du “do-it-yourself” (fait le toi-même), le collectif a lancé sa propre fête, “Baile da Under”, afin de vendre leur travail et de donner de la visibilité aux artistes qui partageaient la même idée – c’est aussi là que j’ai découvert le travail du groupe et d’autres artistes.

En partenariat avec le producteur Ghana, ils ont lancé la “Demotape”, ça a été le moment qui a permis d’insérer des genres musicaux populaires, tels que le funk et le pagode, dans le processus de création du groupe. «Dès lors, nous avons réussi à avoir une gamme intéressante, les gens ont commencé à écouter davantage grâce à ce mélange avec le pagode. Non seulement cela, mais aussi grâce à l’essence musicale des personnes qui faisaient ce travail.», dit Ares.

Après la large acceptation des singles «Preto Chave» et «Di bombeira», se sont préparés pour lancer le premier album.

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12. Pivete Nobre: Cajazeiras est un monde

Pivete Nobre. Salvador Bahia. Foto De Valor

Felipe, également connu sous le nom de «Guri», est un autre enfant de la scène féconde des jeunes de Cajazeiras, surnommé «nova Atlanta» (berceau du mouvement TRAP américain). Le quartier est connu pour sa taille et de nombreux artistes de la scène rap / trap à Salvador en émergent. Pivete Nobre est l’un des plus originaux d’entre eux.

A 26 ans, il mène déjà une belle carrière. Fondateur des groupes de rap classiques “Saca Só” et selo Estilo Solto, membre du label et du collectif UGangue, tatoueur, producteur, beatmaker, Pivete exprime dans sont travail ses expériences acquises là où il vit.

“J’ai commencé en 2012. Depuis, j’ai toujours produit et écrit du rap, racontant des histoires d’ici, de Cajazeiras, mais aussi des histoires du monde, de divers quartiers périphériques. Ça a été ma première motivation », dit-il.

En 2019, il a lancé la mixtape Pivete Nobre, qui présente un dialogue entre les expériences urbaines de Salvador et le concept musical du TRAP du sud-est des États-Unis. Cette version est déjà un classique. Je ne peux m’empêcher de mentionner le single hypnotique «axoquequebreiumcoraçao»: un hymne pour les fans, j’ai écouté ce titre toute une matinée sur mon music player. Pivete est vraiment Noble.
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13. A Travestis: du vendeur de rue au succès des murs de son

A Travestis. Salvador Bahia. Foto Ian Moraes.

Piauiense basée à Salvador, la chanteuse Tertuliana, affectueusement surnommée Tertu, à l’âge de 24 ans, présente déjà une trajectoire impressionnante. Elle est titulaire d’une licence en histoire de l’art de l’Université de l’État de Rio de Janeiro, ville où elle a développé ses pratiques artistiques. Tertu est auteure de petites histoires appelées “Cordel” et est DJ de funk. Après avoir terminé ses études et être retournée à Salvador, elle n’a trouvé aucune possibilité d’emploi et a décidé de devenir vendeuse ambulante à Porto da Barra. «Comme je n’ai pas eu cette opportunité, j’ai eu l’idée de vendre des “brigadeiros” sur la plage tout en chantant des chansons», raconte-t-elle.

C’est comme cela qu’elle se fera connaître. Avec les encouragements de ses clients et de ses proches, elle a surmonté un traumatisme lié à sa voix et s’est investie dans sa carrière de chanteuse, prenant le nom de “A Travestis”. “Ensuite, j’ai créé mes hits”. Après avoir fait chanter ses chansons par des artistes connus et avoir intégré le discours transsexuel dans le pagode, A Travestis prépare son premier album (sans date de sortie prévue). Il a récemment sorti un single en partenariat avec A Paulilo (créateur multiartiste du premier mur de son * LGBTQIA+ de Salvador), établissant toujours un peu plus sa trajectoire sur le marché de la musique.

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14. Caboclo de Cobre: résistance amérindienne du centre-ville de Salvador

Caboclo de Cobre. Salvador Bahia. Foto Adeloyá Magnoni.

Lors d’une fin d’après-midi, alors que nous buvions une bière dans le Boteco do Helder (dans le quartier de Dois de Julho dans le centre-ville de Salvador), un son se fit entendre et celui-ci me fit abandonner ma prochaine gorgée pour me concentrer sur ce qu’il était en train de se passer. Je suis si curieux que je suis allé découvrir qui en était l’auteur, et le propriétaire du bar m’a répondu: “c’est Cabôco – Experiência!”. En approfondissant mes recherches, j’ai découvert qu’il s’agissait du projet musical du chercheur et multiartiste Luiz Guimarães, qui depuis 6 ans se consacre à ses origines, en soulignant et en réaffirmant l’importance de l’héritage afro-amérindien dans la formation du peuple brésilien.

Avec deux albums, Primeira Flecha (2019) et Segunda Flecha (2020), “Caboclo de Cobre” propose des thèmes musicaux qui incluent la pagode électronique, le funk carioca et le brega funk. Les paroles de ses chansons sont basées sur des expériences et des réflexions qui renforcent la pertinence de sa lutte continue contre les stigmates laissés par le processus de colonisation au Brésil. “C’est simplement PENSER violemment”, nous alerte-t-il sur son premier morceau. Luiz est également coordinateur du collectif Aldeia et co-gérant de l’espace culturel “Casa Preta” dans le quartier Dois de Julho, au centre-ville de Salvador.

“Mon travail est une forme de résistance artistique et une manière d’exercer mon ancestralité dans le centre-ville”, dit-il.

Il se révèle être un artiste plus que nécessaire en ces moments dystopiques que nous sommes en train de vivre.

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15. Trevo: pèlerinage urbain à la recherche des racines

Trevo. Salvador Bahia. Foto Igor Santhz.

Ancien membre du groupe «Underismo», Trevo est un jeune artiste aux multiples facettes. Il a commencé sa carrière de poète en récitant des poèmes dans des bus collectifs qui circulaient dans le centre de Salvador. Cette activité lui rapporta assez d’argent pour enregistrer ses premières chansons et s’établir comme MC. Issu de l’école de rap du quartier São Caetano, Trevo se démarque par ses rimes avec une identité profondément liée aux rues de Salvador.

“J’ai consommé une grande partie de la vision du centre-ville: les graffitis, les particularités de l’architecture, l’urbanisme, le métro”, dit Trevo.

Il a collaboré aux principaux lancements des nouveaux albums de son ancien groupe et, en parallèle, il a sorti le très apprécié album solo «Nada Novo Sob o Sol», produit par Felipe Mimoso. À 21 ans, il abandonne sa carrière pourtant prometteuse dans le rap, en quête de renouer avec ses origines. «J’étais un peu déprimé, je sentais trop de choses fortes. J’ai quitté “Under”, j’ai quitté Ghana (producteur) et j’étais d’humeur à arrêter de rapper, à arrêter la musique, en fait », dit-il.

Lorsqu’il renoue avec son quartier, Trevo se redécouvre musicalement et sort en novembre 2020 l’album «Toda Vida», produit par LIPHS. C’est en octobre que le clip vidéo du single «MT» du nouveau moment de la carrière de l’artiste sort en avant-première. «Pourquoi ne pas lancer un album de pagode maintenant, mélangeant les influences du trap, une chose que je sais déjà faire? Ainsi naquit l’album «Toda Vida», dit-il, donnant un aperçu de ce qui est à venir.

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Remarque:

Salcity * – c’est une sorte de surnom de la ville de Salvador: Sal (Salvador), city (ville).

Paredão * (mur de son) – le but est de faire danser quiconque se trouvant à proximité. Le nom vient de la pile d’enceintes formant un mur. Aujourd’hui, les voitures avec un coffre équipé d’un son puissant sont également appelées “paredões”. Ils sont très communs dans une grande partie du pays, principalement dans les périphéries.